Hier je vous avais laissés sur votre faim, en vous disant que j'avais fini de forger mes nouvelles pinces...
alors voilà la suite du feuilleton !
Pour des photos de forge, il vaut mieux avoir un appareil photo "fireproof" !
et des mains "charcoaltested"
pour motiver les troupes, il y a de bonnes surprises !
j'ai recu ce colis de Anthony, incluant une bouteille de chouchen, de la langouille, et surtout un couteau de cou qu'il a fabriqué ! bravo et merci !
Ce colis a été recu dans le cadre d'un échange "libre" (c'est à dire sans souhaits particuliers de l'un et l'autre).
Au petit déjeuner, avant d'attaquer la forge, un peu de saucisson c'est pas mal aussi...
L'opinel custom, a droite sur l'enclume, m'a été échangé par Timoté contre un couteau forgé.
Le ventilateur de 750W, qui fait à peu près le même bruit que le concorde au démarrage, et le même bruit qu'une machine à laver lorsqu'il s'arrête, ça envoie du gras, comme dirait Pierre Lunaire....
a tel point, qu'on a dû lui boucher un peu les entrées, pour qu'il y ait moins d'air en sortie !
M'enfin, dans l'histoire, Kromagnon est gagnant aussi puisqu'il a hérité de mon autre ventilo !
j'aime beaucoup Charles Martel, petit marteau sympathique de 8,4kg, mais j'ai hélas peu d'occasions de l'utiliser car il est réservé au rôle du frappeur...
or, pour la premiere fois depuis qu'il a frappé à ma porte en disant "Bonjour, c'est pour le stage" il y a trois mois, Kromagnon a pris les pinces en main, et le burin, pour que je l'aide à percer l'oeillet de ses nouvelles pinces....(ben oui, comme vous l'avez compris, chacun fait ses propres pinces, l'avantage d'être deux étant que l'on forge les objets en double, ainsi, pas de jaloux!)
en train d'expliquer à Kromagnon que "tout doit être axé, droit comme un I"
Percer l'oeillet d'une pince, est un des exercices les plus délicats.
de toute façon, comme l'a dit Kromagnon sur son blog, forger une paire de pinces "style Ong Kin", c'est la misère !
Moi je commence à avoir l'habitude, j'ai dû en faire huit ou neuf...
mais ces pinces encastrées sont un exercice de forge très intéressant pour les stagiaires car il condense à peu tous les exercices de martelage....
et ce n'est pas aisé ! compter minimum 1 journée et demie pour une paire de pinces si ce sont vos premières...
Par contre, vos efforts seront recompensés, car si elles sont réussies, elles sont indestructibles...
celles d'ong Kin avaient 11 ans, étaient toutes rouillées, mais pouvaient soulever 20 ou 30kg sans souci...
J'ai également profité de cette journée, pour tester mon dernier marteau forgé...
http://3kgsousterre.blogspot.fr/2013/04/martel-et-nous-episode-3.html
En effet, je l'ai forgé pour les stages, car comme il est impossible de trouver des marteaux de style vietnamien, ni même des marteaux français équilibrés, c'était l'unique solution !
Or, avant de laisser les stagiaires l'utiliser, il faut le tester, histoire d'être sûr qu'il n'éclate pas entre leurs mains ! :)
J'ai donc forgé un couteau de A à Z en utilisant uniquement ce marteau, avec interdiction totale de prendre mon marteau habituel.
après avoir forgé la pointe en deux chauffes (contrairement à mon marteau heavy duty, qui fait le boulot en une seule chauffe), j'attaque le ricasso...
Puis le manche.
Test de la panne, pour allonger le manche. vous voyez les marques de la panne sur l'acier, bien perpendiculaires par rapport à l'axe de la pince.
Parlant de pinces, comme les pinces ont eu le temps de refroidir, je les ai testées dans la foulée.
Etirage de la lame, toujours à la panne. La table ne me sert que très peu, selon les préceptes d'Ong Kin.
La table ronde, très convexe, est parfaite pour faire du travail d'aplanissage très précis.
bilan de ce premier test rapide : l'équilibre est bon, la trempe (dureté) également (et je ne l'ai pas ménagé). Le poids est bien sûr trop léger pour moi, mais pour des travaux de précision ou des couteaux normaux, c'est parfait. Les stagiaires seront contents, mais ils n'ont pas intérêt à partir avec !
Quant à la pince, pas de surprise, elle est dans la lignée de celles que j'ai faites, donc solides et pratiques....
Ici les pinces de Kromagnon en cours de forge....
Bientôt terminées !
Il y a tellement d'enclumes ici, qu'on s'en sert comme fauteuil !
je n'aime pas les pinces légères... quand on manipule régulièrement des ressorts de 3 ou 4kg à bout de bras, il vaut mieux avoir des pinces indestructibles !
regardez la différence sur la photo ci dessous :
en haut, une pince plate classique à rivet, courte, fragile et molle, parfaite pour se brûler et laisser échapper les objets,
en bas, une pince Ong Kin universelle en acier ressort...et sans rivet, donc sans point de faiblesse.
Quant à la longueur, pour une forge au charbon "extrême", il vaut mieux prévoir des pinces de 50 à 55cm, 45cm étant un minimum syndical.
de gauche à droite :
1) pinces plates, pour la trempe
2) pinces à marteaux, à haches et à transporter les briques (si, si)
3) pinces universelles courtes
4) Pinces universelles longues (celles que j'ai forgées ce matin)
5) Pinces universelles longues à machoires plus larges, plus adaptées pour de gros méplats.
A noter que ces trois dernières pinces peuvent réellement tenir à peu près tout et n'importe quoi (avec un peu de pratique) : du rond ou du carré de quasiment tous les diamètres, mais également des méplats de 1mm d'épaisseur ou de 2cm d'épaisseur, des ressorts, des casseroles, des cailloux, des chaises, des parasols....
J'ai mis un an avant de pouvoir forger mes propres paires de pinces Ong Kin, alors je n'avais que celles faites avec lui au Vietnam....et avec cette unique paire, j'ai pu forger une grande variété d'objets.
en fait, il ne faut pas s'embêter avec des pinces classiques dont la machoire est adaptée exactement au diamètre et à la forme du morceau à tenir. sinon, on s'enferme dans un "une pince pour chaque objet" et on aligne 300 pinces au mur.
Ong Kin m'avait appris qu'avec ses pinces universelles il pouvait tenir n'importe quoi.
Par contre, la technique est plus difficile que des pinces classiques (on tient certains objets en biais).
Mais une fois qu'on les maitrise, on s'affranchit de la nécessité d'avoir toutes les tailles de machoires.
sur la photo ci dessous, notez comment les machoires doivent être bien ajustées.
Ces pinces sont formées d'une partie encastrée dans l'autre et ajustées.
Comme ces pinces n'ont aucun systeme de rivet ou de boulonnage, elles sont hyper costauds dans le temps.
et vu la difficulté à les forger, il ne sert à rien de le faire dans de la ferraille ou du fer à béton : rien ne vaut l'acier ressort, qui, par sa fonction ressort, permet justement de serrer des objets tres forts, sans que la pince ne se déforme au niveau des branches ou des machoires.
puis ça :
pour arriver à ça :))
La magie de forger ses propres outils...le rêve de tout forgeron !
Salut,
RépondreSupprimerces pinces sont-elles démontables ?
On devine un coup de poinçon: est-ce pour sertir un peu les 2 branches entre elles ?
Si non, comment les 2 branches tiennent-elles sans glisser l'une dans l'autre ? Juste par l'ajustage ??
Super boulot en tout cas (et pas seulement les pinces!), cela donne envie ...
Merci !
Fred