mercredi 9 novembre 2011

Un air préhistorique


Vinh a fait une lame d'inspiration préhistorique, dont la forme imite celle des silex taillés.

Lorsque je l'ai reçu, j'avoue ne pas avoir accroché... je préfère l'histoire plusieurs siècles après. Et puis est arrivé ce crâne de chevreuil, qui a fait ressortir en moi des instincts de Cro Magnon.


Les bois de chevreuil sont denses, et pleins (contrairement au bois de cerf par exemple), très durs tout en restant légers. Une fois en main, cela forme naturellement un manche parfait. La matière pourrait faire penser à de la résine, et ce fut pour moi un découverte.

Cela convenait parfaitement à cette lame préhistorique.




J'ai donc réalisé un montage sur soie, en perçant le bois le plus torturé, en forme de S. La soie a été montée à chaud, comme Vinh en a fait la démonstration précédemment. Pour la garde, la jonction entre la base de la lame et le bois, j'ai utilisé du cuir.

Pour l'anecdote, mais aussi en hommage, j'ai réutilisé un lacet de cuir qui équipait le couteau tanto de Vinh il y a quelques temps... Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Un premier morceau pour la garde, un autre à l’extrémité, là où la soie ressort du bois. La main est confortablement agrippée au cuir et bien calée.

Restait à faire des photos "d'époque". Quoi de mieux qu'une grotte pour faire revivre l'imaginaire rupestre. Une fois posé dans les feuilles mortes de l'automne, je crois l'avoir trouvé beau.










mercredi 2 novembre 2011

Le petit beurre

Pour mon premier manche, j'ai choisi le petit couteau à beurre en piemontais. Et oui, mon fils Victor avait insisté, et je pensais qu'un couteau si petit serait facile pour commencer... et bien non.

Le piemontais est une technique de couteau pliant très ancien, datant probablement des romains. Le principe est simple : la lame est prolongée par un tige métallique, parfois décorée, appelée lentille, qui s'encastre dans une fente au dos du manche en position ouverte. La lame tient ainsi ouverte en toute sécurité et ne se referme pas sur les doigts de l'utilisateur (c'est mieux !).

J'ai donc utilisé une plaquette épaisse de buis que j'ai travaillé en forme de galet, une forme arrondie pour conserver l'esprit de cette lame de couteau à beurre. Un manche à la taille de la main d'un enfant de 4 ans.

Je n'avais que peu d'outils au début, mais des limes et des rapes, un peu de papier abrasif grain 80, et beaucoup d'huile de coude peuvent suffire. Depuis j'ai investi dans un Dremel pour accélérer un peu, notamment pour creuser la fente pour le lame et la fente arrière, plus large, pour la lentille.

J'ai ensuite percé le bois et la lame, et réalisé un rivet. Cette étape est délicate car l'axe doit permettre une ouverture facile mais assez ferme pour ne pas se déplier dans la poche. Normalement les rivets se font avec un marteau en forme de boule, afin d'éviter de tordre l'axe ou de fendre le bois tout autour du rivet. Je n'en avais pas, alors j'ai utilisé un vieux marteau rouillé et émoussé... et cela n'a pas trop mal marché !


Le bois de buis a été traité à l'huile de lin (mélangé avec de l'essence de térébenthine pour une meilleure pénétration) ce qui fait resortir ces veines, ces nœuds, lui donnant une couleur miel.


Ce petit couteau a vite élu domicile dans la poche de son propritaire haut comme trois pommes. Et même au restaurant avec les grands, il fait son effet !

"Merci Vinh !" me dit-on à l'oreille...

(cliquez sur les images pour agrandir)


Présentation de Julien

Pour ce premier message, je tenais d'abord à me présenter.
J'ai rencontré Vinh par notre passion commune pour la photographie, autour d'un vieil agrandisseur Priox très "vintage". Et au fil de son séjour au Vietnam, j'ai découvert que nous partagions également le gout des belles lames. Du grain d'argent au grain d'acier trempé il n'y a peut-être qu'un pas...

Vinh m'a donc proposé de participer à ses créations en réalisant quelques manches... enfin, j'ai reçu avant son départ un colis d'une quinzaine de lames !

De quoi occuper un long hiver enneigé.


Il m'a également envoyé quelques essences de bois, notamment du buis bien sec. Le buis est un bois utilisé souvent pour de petits objets au tour à bois, car il est particulièrement solide même pour des formes travaillées ne laissant que peu de matière. J'en profite d'ailleurs pour vous inviter à me contacter si vous avez des morceaux de bois sec (buis et noyer en particulier) dans votre entourage.
J'essayerai donc de poster régulièrement les manches conçus pour les lames que vous avez vu ces dernières semaines.
Julien (alias Edrahil)