vendredi 9 décembre 2011

A l'ancienne

Je continue (doucement) la mise en manches des lames de Vinh. Celle que je vous présente aujourd'hui à, en réalité, été forgée au Vietnam par Ong Kin à l'attention d'un amateur de belles lames et des jolies images (un certain Coutographe...).

La lame était à monter sur soie, c'est à dire qu'elle se prolonge d'un tige qui s'encastre dans un manche, le plus souvent en bois. Il s'agit ici d'une soie haute, directement dans le prolongement du dos de la lame (et non centrée). J'arrête la technique magistrale pour vous parler de mon travail sur le manche. J'ai choisi du buis et je suis vraiment emballé par cette essence, solide, dense et très légère, douce en main, avec de belles nervures révélées à l'huile de lin.



Mais je me suis imposé trois contraintes :

- faire "à l'ancienne", à la main, sans electromécanique (ou presque), ni colle epoxy. Respecter cette lame brute, rayée, griffée en réalisant un manche à la finition solide, presque usée par un temps imaginaire. Un couteau fait pour servir en toutes circonstances. Connaissant le raffinement dont fait preuve le futur propriétaire sur son blog, le pari est osé... Le manche est monté à chaud et riveté avec une tige d'acier matée au marteau boule.

- ensuite, j'ai imaginé tout de suite une garde, en acier brossé. Pour un simple raison de sécurité (sur un couteau sans ricasso pour arrêter les doigts) mais aussi une esthétique en accord avec cette soie haute. La garde a été fixée en force à chaud, avec une légère brasure à l'étain pour la "finition".

- enfin, ne pouvant trancher entre un manche rond et un manche rectangulaire, j'ai mélangé les deux, au départ rectangle comme la garde pour finir arrondi à l'autre extrémité. En main, la prise est ferme, la main ne glisse pas, un vrai utilitaire !



J'attends avec impatience vos commentaires, sur un couteau fait aujourd'hui... ou il y 100 ans, je ne sais plus en le regardant...

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mercredi 9 novembre 2011

Un air préhistorique


Vinh a fait une lame d'inspiration préhistorique, dont la forme imite celle des silex taillés.

Lorsque je l'ai reçu, j'avoue ne pas avoir accroché... je préfère l'histoire plusieurs siècles après. Et puis est arrivé ce crâne de chevreuil, qui a fait ressortir en moi des instincts de Cro Magnon.


Les bois de chevreuil sont denses, et pleins (contrairement au bois de cerf par exemple), très durs tout en restant légers. Une fois en main, cela forme naturellement un manche parfait. La matière pourrait faire penser à de la résine, et ce fut pour moi un découverte.

Cela convenait parfaitement à cette lame préhistorique.




J'ai donc réalisé un montage sur soie, en perçant le bois le plus torturé, en forme de S. La soie a été montée à chaud, comme Vinh en a fait la démonstration précédemment. Pour la garde, la jonction entre la base de la lame et le bois, j'ai utilisé du cuir.

Pour l'anecdote, mais aussi en hommage, j'ai réutilisé un lacet de cuir qui équipait le couteau tanto de Vinh il y a quelques temps... Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. Un premier morceau pour la garde, un autre à l’extrémité, là où la soie ressort du bois. La main est confortablement agrippée au cuir et bien calée.

Restait à faire des photos "d'époque". Quoi de mieux qu'une grotte pour faire revivre l'imaginaire rupestre. Une fois posé dans les feuilles mortes de l'automne, je crois l'avoir trouvé beau.










mercredi 2 novembre 2011

Le petit beurre

Pour mon premier manche, j'ai choisi le petit couteau à beurre en piemontais. Et oui, mon fils Victor avait insisté, et je pensais qu'un couteau si petit serait facile pour commencer... et bien non.

Le piemontais est une technique de couteau pliant très ancien, datant probablement des romains. Le principe est simple : la lame est prolongée par un tige métallique, parfois décorée, appelée lentille, qui s'encastre dans une fente au dos du manche en position ouverte. La lame tient ainsi ouverte en toute sécurité et ne se referme pas sur les doigts de l'utilisateur (c'est mieux !).

J'ai donc utilisé une plaquette épaisse de buis que j'ai travaillé en forme de galet, une forme arrondie pour conserver l'esprit de cette lame de couteau à beurre. Un manche à la taille de la main d'un enfant de 4 ans.

Je n'avais que peu d'outils au début, mais des limes et des rapes, un peu de papier abrasif grain 80, et beaucoup d'huile de coude peuvent suffire. Depuis j'ai investi dans un Dremel pour accélérer un peu, notamment pour creuser la fente pour le lame et la fente arrière, plus large, pour la lentille.

J'ai ensuite percé le bois et la lame, et réalisé un rivet. Cette étape est délicate car l'axe doit permettre une ouverture facile mais assez ferme pour ne pas se déplier dans la poche. Normalement les rivets se font avec un marteau en forme de boule, afin d'éviter de tordre l'axe ou de fendre le bois tout autour du rivet. Je n'en avais pas, alors j'ai utilisé un vieux marteau rouillé et émoussé... et cela n'a pas trop mal marché !


Le bois de buis a été traité à l'huile de lin (mélangé avec de l'essence de térébenthine pour une meilleure pénétration) ce qui fait resortir ces veines, ces nœuds, lui donnant une couleur miel.


Ce petit couteau a vite élu domicile dans la poche de son propritaire haut comme trois pommes. Et même au restaurant avec les grands, il fait son effet !

"Merci Vinh !" me dit-on à l'oreille...

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Présentation de Julien

Pour ce premier message, je tenais d'abord à me présenter.
J'ai rencontré Vinh par notre passion commune pour la photographie, autour d'un vieil agrandisseur Priox très "vintage". Et au fil de son séjour au Vietnam, j'ai découvert que nous partagions également le gout des belles lames. Du grain d'argent au grain d'acier trempé il n'y a peut-être qu'un pas...

Vinh m'a donc proposé de participer à ses créations en réalisant quelques manches... enfin, j'ai reçu avant son départ un colis d'une quinzaine de lames !

De quoi occuper un long hiver enneigé.


Il m'a également envoyé quelques essences de bois, notamment du buis bien sec. Le buis est un bois utilisé souvent pour de petits objets au tour à bois, car il est particulièrement solide même pour des formes travaillées ne laissant que peu de matière. J'en profite d'ailleurs pour vous inviter à me contacter si vous avez des morceaux de bois sec (buis et noyer en particulier) dans votre entourage.
J'essayerai donc de poster régulièrement les manches conçus pour les lames que vous avez vu ces dernières semaines.
Julien (alias Edrahil)

mercredi 26 octobre 2011

Encastrer une soie à chaud



Vous possédez un outil (jardin, ciseau à bois) dont le manche en bois est abîmé, ou bien vous avez forgé votre premier outil sur soie ?...
pour lui faire un nouveau manche, facile.

Vous taillez le manche dans un bois qui vous convient (selon utilisation), et faites un pré perçage avec une mèche a bois, histoire que ça soit bien centré. (le trou sera beaucoup plus fin en diamètre que la soie à encastrer). Apparemment de bons bois, entre autres, seraient du tilleul ou du noisetier (que ceux qui en ont, me préviennent).

Puis, il vous faut juste un chiffon mouillé, pour envelopper le reste de la lame ou de l'outil histoire que ça chauffe pas. Et une source de chaleur directe : gazinière, lampe à gaz, réchaud...


Alors hop, ni une ni deux, on chauffe la soie. Pas besoin qu'elle soit rouge (enfin ça dépend du bois).


D'ailleurs plus elle sera chaude et plus elle va se déformer dans le manche notamment si elle est tres fine et/ou que le bois est tres dur.

Ensuite on respire un grand coup et on enfonce la soie dans le manche. Le trou va ainsi s'élargir, et prendre exactement la forme de la soie.




Dans mon cas ce ne sont pas des soies traversantes. il faut donc que ce soit encastré parfaitement. D'autres types de soie sont également renforcée avec des rivets qui traversent manche et soie.

En général deux, voire trois chauffes suffisent largement.


vendredi 21 octobre 2011

Pierre à emporter



Lors de ma dernière commande de pierres black arkansas, j'avais demandé au fabricant s'il pouvait me couper une chute de pierre pour pouvoir l'emmener en voyage.
C'est chose faite, une pierre de poche.

Restait à lui coudre vite fait un étui sur mesure pour les voyages...............
C'est chose faite !





lundi 17 octobre 2011

Petit goût norvégien...


Voilà, ce matin j'ai reçu le couteau norvégien acheté par le frère d'Estelle, en échange d'un couteau à filet de poisson (que je lui enverrai au printemps) !
Bel échange, qui m'a surpris, puisque justement, la norvege et la finlande sont LES pays ou il n'y a quasiment que des...couteaux à filet de poisson !

Ce couteau de la marque Brusletto (http://www.brusletto.no/index.php?sideID=425&ledd1=35) est en acier 12c27, avec manche en bois de bouleau (comme souvent là bas).

Si vous m'offrez un couteau, vous prenez un risque car je suis difficile en la matière, en revanche s'il provient de Finlande ou de Norvège, aucun souci, vous êtes sur que ça me plaira, car eux ont compris et surtout préservé l'essence même du couteau!

J'hésite encore, mais il se pourrait que je l'emmène à la Réunion pour mes balades de pêche en bord de mer...d'ailleurs, entre la Réunion, le Kenya et la Tanzanie, je n'ai pas encore choisi mes couteaux à emmener :)



Chose peu courante, la couture de l'étui en cuir est sur le côté, comme en Afrique. ça, ca me plait beaucoup.
Et la pointe n'est pas cousue, j'adore !



dimanche 16 octobre 2011

Lame style puukko 2



La deuxième lame puukko, qui me plait bien plus.
plus en courbes, elle est très robuste.


J'ai fait un gros renforcement sur le ricasso, pour protéger le pouce.




dimensions 14cm, 6.5cm de tranchant. 50g.

Lame style puukko 1


Il y a plusieurs styles de puukko, souvent avec des manches en bois court et épais, et une lame courte, large et épaisse.
(mais il y a aussi des lames puukko longues).

ce sont en général des couteaux d'origine nordique.

Ici j'ai donc voulu faire deux lames ultra courtes, très robustes.

voici la première, plus anguleuse sur la pointe



Dimensions 13.5cm, 6cm de tranchant. 50g



Petite lame sans nom



Je ne sais pas comment on appele les lames de cette forme.
A vrai dire je n'ai aucune culture couteau.............................................
Dimensions 14.5cm, 8cm de tranchant, 40g



Lame de couteau d'office

Petite lame de couteau d'office.
Elle est destinée à être montée avec un manche en bois en plate semelle.
eh oui n'oublions pas que la cuisine est l'une de mes cinq passions... je vous laisse trouver les autres:)


Ici sur une peau de poisson (tilapia)




Dimensions 16.5cm, 9cm de tranchant. 60g.