Double-curved Bird, herminette forgée

Bon je crois que je ne vous avais pas montré ce manche traditionnel du Mali que j'avais ramené il y a quelques années en guise de massue (derrière le siège, c'est sympa). Un casse-tête, quoi, qui est fait pour être monté avec une lame de pioche ou herminette.

J'ai failli le sacrifier pour faire un manche de hache, mais je voulais rester dans le traditionnel.

J'ai donc fait une herminette, que j'ai nommée Double Curved Bird, car d'une part elle est incurvée dans les deux sens (voir plus bas), d'autre part vue de côté elle ressemble à un bec d'oiseau.

Il y a plusieurs sortes de herminette, dont des modèles "courbes", des modèles "plats" et des modèles "creux".

Celle la, est "courbe" ET creuse.

Courbe, comme vous le voyez ici, afin que la tête du manche ne touche pas le bois, et que l'axe "bras - bois" soit au mieux.

et le tranchant est de forme "creusée", c'est à dire que lui aussi est incurvée perpendiculairement à la courbe de la lame elle meme............
C'était là la difficulté, car en forge, lorsqu'on courbe dans un sens, ça a toutes les chances d'annuler ou modifier une autre courbe opposée.

Vue de côté, la forme est en S.

La soie très épaisse et sans décroché, s'insère parfaitement dans la tête du manche. J'ai fait le trou à chaud avec la soie.

La tête du manche était déjà noire brûlé à l'origine (c'est ainsi qu'on les fait, au Mali). J'ai juste fait quelques décos en chauffant un morceau de fer, car c'est ainsi que les Maliens "marquent" leurs manches d'outils.

Pour enlever la lame, il suffit de tenir la lame, poser le manche sur une souche, et taper un léger coup sur le haut de la tête. la lame tombe toute seule. Pourtant, elle tient très bien lorsqu'on travaille ;)

Pour bloquer la lame, il suffit de la mettre tête en haut, et taper sur la souche avec la tête du manche. deux ou trois coups suffisent, sans forcer, la lame se bloque.

Une herminette peut servir à écorcer, aplanir, creuser, équarrir....

Bien sûr, pour ma prochaine herminette, je ferai un manche a tête moins imposante, mais là je voulais vraiment ne pas toucher au manche d'origine et l'utiliser tel quel.

A l'époque j'avais fait une poignée en cuir cousu.

Mieux que jouer à Angry Birds, toujours avoir une "double curved birds" sous la main !
c'est un outil extrêmement précis, léger, qu'on utilise sans forcer - c'est la courbe et l'aiguisage du tranchant qui fait tout le boulot.

Chut, on tape ! Nos outils de forge...forgés.

Je n'avais jamais pris le temps d'emmener mon trépied à l'atelier et vous faire des photos de nos outils. Ce post est aussi pour vous expliquer comment on fait telle ou telle chose.

tout d'abord, très important, le tranchet.

je l'ai forgé à partir d'un espèce de burin que Thomas avait récupéré.

Il se pose sur le trou de l'enclume, et se cale.

Puis, on pose l'acier à couper dessus, et on tape sur l'acier.

C'est ce que l'on utilise lorsqu'on est tout seul. Il faut faire attention à ne pas le détremper.

Evidemment il faut tenir l'acier perpendiculairement au tranchet (contrairement à la photo)

et ensuite, on tape dessus.



Selon la nature de l'acier et sa forme, on le coupe au moins à 3/4 de son épaisseur (pour un fer à béton, on fait "le tour")



voila la bigorne.
C'est une sorte de mini mini mini enclume, que Thomas et moi avons forgée dans un ressort de train, puis soudée sur un tube. Ledit tube se bloque sur le trou de l'enclume.
La bigorne sert de "guide" pour les manches roulés et demi roulés. On insère l'une des pointes dans le manche une fois que celui ci est fait.

LE marteau, ayant appartenu à Ong Kin depuis 11 ans, et qu'il m'a donné lors de mon départ. J'y tiens beaucoup...évidemment. Il pèse environ 2.5kg, et on n'utilise que celui la. (On utilise aussi le marteau à deux mains, lorsqu'on forge un truc à deux). Il a été forgé dans un axe de camion ou quelque chose du genre.

Ce marteau, c'est "a piece of story"...

On utilise cet accessoire pour faire des torsades pour les manches ou autres objets fins.

Mes deux burins : le gros vient du vietnam, je l'ai forgé avec Ong Kin et Co huyen dans une lame de ressort très épaisse dont on a doublé l'épaisseur au marteau. Il nous sert lorsqu'on forge à deux, pour couper plus rapidement (par contre, c'est dangereux).

J'ai forgé le petit dans une lame de ressort, c'est un burin de précision que je tiens à la main, pour par exemple faire les nervures des feuilles, les plumes, couper des pieces fines, etc. Il est très fin, donc il peut se détremper très vite si l'on ne fait pas attention.

Mon unique paire de pinces, forgée avec Ong Kin, de type "encastrée". Peut tenir un porte clés, tout aussi bien qu'une hache.

En tapant sur la tranche, c'est pour "épaissir" le morceau d'acier.

 

 Ici c'est la forge d'une herminette.
Sur les photos la couleur apparait toujours plus jaune qu'en réalité (donc plus chaude).

Ebauche de la soie "continue" (soie intégrale sans décroché, pour les haches, pioches, herminettes)

Ici une ébauche de mini hachette de précision.

Voilà une des utilités du kiridashi : faire des finitions très précises sur le bois notamment ou le cuir.

Le meilleur ami de vos soirées, le décapsuleur marteau

Voilà des décapsuleurs forgés. On a mis quelques essais avant de comprendre le concept, mais maintenant ça marche :) (voir plus bas)

Ce premier était un peu "long".

C'est la partie de gauche, qui sert à décapsuler, l'autre est juste pour la déco.

Le concept peut vous sembler étrange, et pourtant ça marche très bien.

Désolé pour les photos, comme moi-même je ne bois pas d'alcool, je n'ai trouvé aucune bouteille de bière pour les photos :/ Juste une bouteille de limonade a bouchon normal, pour l'exemple.

donc, le côté incurvé et fin se "coince" sous la capsule...

et ensuite, il suffit de caler l'autre côté dans sa paume

ou bien de tenir ainsi,
et hop on appuie et ça s'ouvre tout seul. Garanti :)

avec ça, plus la peine d'abîmer votre briquet en soirée pour ouvrir les bières !
En plus, il y a un petit trou qui permet d'y passer une lanière, par exemple pour vous promener avec votre décapsuleur autour du cou...

voire plusieurs !
Sinon, evidemment, c'est plutôt fait pour être mis sur votre porte-clés !

A vendre 5 euros le modele simple, 7 euros le modèle VIP (guilloché ou design spécial par exemple)

Stirling

"Fight and you may die ; run, and you'll live! for at least a while"...

J'ai hésité pour le nom, elle aurait dû appartenir au royaume du Rohan, mais ce sera pour une autre plus barbare (gardons le nom secret pour l'instant).

Je  vous présente donc Stirling, en hommage à la bataille de Stirling (Ecosse) entre les troupes de William Wallace et les troupes anglaises, en l'an 1297. Les anglais avaient un avantage de 4 contre 1, mais la bataille s'est terminée par la victoire des Ecossais.

Evidemment pour plus de souci historique il faudrait un gilet en cuir, les cheveux longs, et de l'argile bleue ! ça vous dit quelque chose?

J'ai foncé le manche en merisier naturellement, en faisant remonter le tanin avec du vinaigre dans lequel on fait macérer des clous et couteaux rouillés. Le processus a pris une après midi.

Cela a bien fait ressortir les veinures et noeuds du bois.

Je n'ai pas pu m'empêcher de renforcer le bout du manche avec un morceau d'acier...
Au coeur de la bataille, la main ne glissera pas !

 Trempe sélective à l'eau sur 1cm de tranchant.

J'ai repéré une forêt de buis, je vais y aller faire un tour un de ces quatre pour tester ma hache et préparer des manches.

"Go back to England, and tell them there, that Scotland's daughters and sons are yours no more !"