dimanche 2 septembre 2012

Un nouveau copain à l'atelier, et expériences à l'acide.

Un ancien forgeron que je n'avais pas vu depuis quelques temps, a ressorti de sa cave un énorme marteau (enfin une masse, vu la masse du truc) qui ne lui a jamais servi mais que quelqu'un lui avait légué.

"ça peut te servir?"
"tu parles....exactement ce qu'il me manquait!". 

En fait, mon marteau de 3kg et quelques (celui à deux mains) n'est pas suffisant lorsqu'on coupe des aciers épais  (ou lorsqu'on coupe toute la matinée). De plus, sa tête bombée ne facilite pas la précision sur la frappe du burin de coupe (très dangereux donc).

Voyez un peu la tête de l'objet... O_o
Il pèse 7 kilos. c'est soit un marteau de forge, soit un marteau de charron (à priori).
Il ne restait plus qu'à faire un manche, parce que taper sans manche, c'est moyen...


Or je gardais au frais un très  grand morceau de micocoulier, que Bruno m'avait coupé lorsque j'étais au Vietnam, exprès pour faire des éventuels manches de marteau. C'est un bois tres solide et "flexible", très utilisé pour des manches d'outils.
Il n'était pas totalement rectiligne, mais avec un peu d'huile de coude....

Déjà, on l'a scié à 1,05m (pour avoir de la marge), je l'ai raccourci juste avant l'assemblage.


Lorsqu'on fait des manches d'outils, il faut éliminer le coeur  (qui peut se fendre). On refend donc juste à côté du coeur, et on utilise les côtés du coeur. Si c'est pour des petits manches, on fend en quatre et on fait quatre manches.


Ici la tâche était facilitée car le coeur est déjà décentré. C'est ce que l'on appele "le bois parfait" je crois dans le métier.






Et voilà, c'est fendu !


Restait à sculpter le manche, avec les outils disponibles dans ma voiture, à savoir herminette, machettes, planes...forgées.


c'est pour ça qu'il faut toujours un grand coffre. 


On a fini à la ponceuse, car il n'est pas facile de sculpter un manche tout en corrigeant la fibre naturelle du bois (en l'occurrence pas totalement rectiligne).

Et voilà ! reste plus qu'à enfoncer ça en force, ce qui n'était pas gagné d'avance car la tête est très haute et l'oeillet n'était pas parfait. D'ailleurs je n'ai jamais compris pourquoi les marteaux français ont des oeillets aussi ridicules, alors qu'au vietnam ils sont énormes (certes au vietnam ce sont des marteaux forgés à la main).



Le marteau, on l'a appelé "Charles" !
Devinez pourquoi???
(réponse au prochain épisode - envoyez moi vos suggestions)


Le manche est bien rectiligne par rapport au morceau d'origine.
j'ai juste gardé la courbe pour le bout du manche.
J'ai trop hate de l'essayer ! Demain!


Bon sinon, voici des premiers essai de révélations de ligne de trempe à l'acide. Après avoir essayé au vinaigre et au coca (les deux marchent pas trop mal mais il faudrait vraiment laisser longtemps), j'ai essayé à l'acide nitrique dilué à 1+5. C'est un décapant que l'on trouve en magasin de bricolage. attention, c'est très dangereux, notamment au niveau des contenants, et il faut verser l'acide dans l'eau et jamais le contraire, lors de la dilution. et le moindre mélange avec d'autres produits peut provoquer une auto combustion. Bref, ça m'amuse pas trop ct'affaire, mais par contre, ça marche.

Ici une photo seulement 2 secondes après avoir immergé la lame dans l'acide dilué !


Apres cinq secondes, tout devient noir !
Il faut ensuite nettoyer, polir, puis eventuellement replonger dans l'acide quelques fois jusqu'à trouver le bon compromis visuel.


et voila le résultat !


Ce petit couteau hyper pointu, est en fait une récupération d'un morceau d'acier que j'avais commencé à travailler pour faire une mini hachette (en triangle donc) - une commande spéciale pour faire une canne de combat - ....

Finalement j'ai transformé ce triangle en couteau ULU, puis j'ai changé d'avis et je l'ai transformé en manche roulé avec une mini lame hyper pointue (la soie de l'ULU d'origine).

donc le manche est hyper épais par rapport à la normale.

Cyril l'a baptisé Picteau, puisque c'est mi pic mi couteau ! (et pour les photographes, ca fait un clin d'oeil à un célèbre labo parisien)


j'ai lu quelque part que la trempe sélective sur des petites lames ne servait a rien. ah bon? ça me semble un peu réducteur.

Qui peut le plus, peut le moins , non? alors grandes lames, petites lames, outils, gouges, tournevis, je fais toujours une trempe sélective, et jamais en biais. dans la logique de la trempe sélective, je préfère qu'elle suive systématiquement les courbures du tranchant.


Vu de dos, ce couteau montre une épaisseur décroissante.


J'ai fait ce couteau pour moi, pour l'artisanat (sculpture de bois etc). Il est hyper rigide, très précis, et trempé très dur (comme c'est pour moi , je ne fais pas de revenu sur mes outils, ce qui me permet de les tester à la dure)


J'ai recu un nouveau lot de pierres. Une pierre combiné "arkansas black et arkansas soft" pour moi, des pierres "black clip" pour les gouges, et un échantillon de pierre "translucent arkansas", une pierre quasi transparente exceptionnelle.
en version grise et transparente, ces pierres sont inusables lors d'une utilisation correcte, et resteront planes très longtemps. Enfin en tout cas, je n'ai jamais réussi à user les miennes, ni même à les rayer.


1 commentaire:

  1. Parce que Charles martèle non? ;)

    Je viens de trouver votre blog, ça a égayé ma journée! C'est agréable de voir que vos oeuvres ne sont pas uniquement le résultat d'un savoir faire proprement technique, mais aussi d'une certaine poésie, à vous lire, je me dis que l'artisanat est sans doute un de ces moyens que beaucoup cherchent pour rendre leur vie plus douce.

    Je met ça dans les favoris sans hésiter!

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bonjour , merci de prendre le temps de laisser vos commentaires. Suite à quelques abus (du genre "pas bonjour mais je te critique"), j'ai dû changer le type de formulaire. Vinh